[L'horloger de Saint-Paul (Philippe Carry, gérant)]

[L'horloger de Saint-Paul (Philippe Carry, gérant)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT1563 02
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
descriptionAdresse de prise de vue : L'horloger de Saint-Paul, 6, rue Juiverie, Lyon 5e.
historiqueRouages, balanciers, ressorts, les montres anciennes n'ont pas de secret pour Philippe Carry. A vingt quatre ans, "l'horloger de Saint-Paul" cultive sa passion pour ces "témoins" du temps des hommes.
historiqueLe cheveu hirsute et l'oeil vif. De ses doigts effilés, il manipule avec dextérité les aiguilles et rouages d'une petite pendule posée sur l'établi. A vingt-quatre ans, Philippe Carry est, sans conteste, l'un des plus jeunes horlogers de la région. Un métier choisi "par hasard" au cours du parcours scolaire de l'artisan lyonnais et qui, au fil du temps, s'est transformé en une véritable passion. Installé 6, rue Juiverie depuis quatre ans, Philippe Carry est déjà devenu l'une des figures du quartier. N'en déplaise à Bertrand Tavernier, "l'horloger de Saint-Paul" vit aujourd'hui au rythme des horloges et montres anciennes qu'il restaure. Un travail ponctué par le tic tac incessant des pendules et les sonneries des heures qui s'égrennent. Une large vitrine donnant sur la rue, quelques tréteaux portant les objets anciens. Au mur, deux tableaux symboles du métier d'horloger. Ailleurs encore, une reproduction des montres molles de Dali. Fi de l'image de l'horloger grisonnant, terré au fond d'un atelier poussiéreux, Philippe Carry a choisi d'ouvrir sa "boutique" aux passants. Et si certains s'y trompent parfois, espérant rencontrer un Philippe Noiret chenu, l'horloger de Saint-Paul n'a aucun point commun avec celui du film, si ce n'est sa passion du travail bien fait. "Le fait d'avoir un atelier d'horlogerie en rez-de-chaussée avec une vitrine fait partie de la démarche que j'ai choisie. A savoir, montrer le travail de l'artisan" explique Philippe Carry. "Il faut savoir s'exposer, se montrer entier tout en restant soi-même". C'est à l'âge de quinze ans que Philippe Carry a choisi d'épouser la profession d'horloger. "En France, les métiers manuels sont tellement peu pris en considération que j'ai choisi au hasard, plutôt par défaitisme que par intérêt". En sortant de l'Ecole nationale de Cluzes en Haute-Savoie (école qui a fermé ses portes depuis), le jeune Carry travaille pendant trois ans avec Lucien Rignon à Chambéry. Une expérience sans équivalent pour le jeune horloger qui apprend alors à aimer son métier. Après un passage en Suisse, à Besançon puis à Metz, Philippe Carry décide de revenir à Lyon. "Au départ, j'aurais dû m'appeler l'horloger de Gerland parce que je souhaitais monter un atelier de fabrication dans le septième et faire du commercial". Et puis, la découverte de la rue Juiverie et de son atelier... "Pour être à son tour créateur, il faut d'abord acquérir un savoir, une technique. On travaille d'autant mieux lorsqu'on a la connaissance de ce qu'ont fait les autres". Ainsi, Philippe Carry a la grande satisfaction de "posséder", le temps d'une restauration, des montres aux histoires les plus diverses. "Il y a deux mois, j'ai réparé la montre d'un aviateur américain qui s'était tué à la fin de la guerre de 1945. Sa petite fille me l'a ramenée. Il a fallu faire revivre cette montre. En fait, la démarche des gens est souvent similaire. Ils viennent faire réparer des montres anciennes afin de retrouver une personne à travers cet objet. Les gens qui viennent ici ont le sentiment de cette préciosité. La personne qui leur est chère est aussi présente à travers ce qui lui a appartenu. C'est une démarche sensitive. Alors que bien souvent aujourd'hui, on n'a plus ce sentiment d'avoir un objet qui nous est propre et qui calcule notre temps". En attendant de se lancer lui même dans la fabrication de montres, Philippe Carry continue ses restaurations. Avec l'été qui approche, il va bientôt pouvoir ressortir ses tréteaux et montrer son travail. "La seule chose que je regrette, c'est que les artisans n'osent pas encore assez faire connaître leur travail..." Source : "Aiguilles en tête" / M.-A. M. [Marie-Anne Maire] in Lyon Figaro, 6 mars 1991, p.36.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP03522.
note bibliographique"La Région sans complexe", dossier in Lyon Figaro, 4 juillet 1988, p.16-18.

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